Tempête de carbone figée, roches en fusions prises par l’éternité, variations spatiales de température, topographie accidentée, modulations de fréquences ondulatoires, la pierre vit.

Les blancs des monts du mont Blanc varient en fonction des saisons, des conditions météorologiques et de la pollution. Quand les neiges fondent, elles révèlent des roches, des gris, des marrons, des ambres, des fauves. Les sables déposent des ocres et des roses, les dépôts de suie et de particules de combustion des moteurs peuvent donner aux sommets une teinte cendre ou marron. Les gaz comme le dioxyde de soufre et l’ozone peuvent également causer une acidification de la neige et des glaciers, ce qui peut donner aux sommets des montagnes une teinte jaunâtre ou brune.

Aujourd’hui, le mont Blanc est encore blanc. Combien de temps aura-t’il fallu pour que la vie me conduise aussi près du sommet ? Je me rappellerais longtemps cette absurde situation, depuis ce petit avion avec ma caméra, balancé par les turbulents courants d’air, à essayer de filmer ce si haut mont.

Laisser mon regard embrasser les millions de pierres qui s’amassent le long des falaises pour apprendre à voir d’une montagne chaque élément, chaque corps, chaque scintillement, pour deviner des milliards de couleurs et percevoir plus qu’un simple volume dessiné. Les montagnes sont de très vieilles vagues terrestres. Ce sont des amas d’éboulis plus ou moins compressés en écorces, éparpillés en moraines, coulés en chirats, rivières de roche. Une magie peut s’offrir à ceux qui ont le temps pour laisser vibrer des arc-en-ciel de granite, de gneiss, de schistes, de marbres. Les roches se diffusent en gouttes solides que la lumière peut traverser. Naissent ainsi des reflets éclatants et vibrent les teintes du massif du mont Blanc.