paysages, corps, couleurs, matières, vitesses en arts plastiques, en numérique.
2022 (2020-2020), film 38'35''
Film et ciné-concert
D'après Salammbô de Gustave Flaubert
musique originale d'Othman Louati
français et sous-titré en anglais
Distribution
Cinémas
"La houle des soldats se poussait. Ils n’avaient plus peur. Ils recommençaient à boire. Les parfums qui leur coulaient du front mouillaient de gouttes larges leurs tuniques en lambeaux, et s’appuyant des deux poings sur les tables qui leur semblaient osciller comme des navires, ils promenaient à l’entour leurs gros yeux ivres, pour dévorer par la vue ce qu’ils ne pouvaient prendre. D’autres, marchant tout au milieu des plats sur les nappes de pourpre, cassaient à coups de pied les escabeaux d’ivoire et les fioles syriennes en verre. Les chansons se mêlaient au râle des esclaves agonisant parmi les coupes brisées. Ils demandaient du vin, des viandes, de l’or. Ils criaient pour avoir des femmes. Ils déliraient en cent langages. Quelques-uns se croyaient aux étuves, à cause de la buée qui flottait autour d’eux, ou bien, apercevant des feuillages, ils s’imaginaient être à la chasse et couraient sur leurs compagnons comme sur des bêtes sauvages. L’incendie de l’un à l’autre gagnait tous les arbres, et les hautes masses de verdure, d’où s’échappaient de longues spirales blanches, semblaient des volcans qui commencent à fumer. La clameur redoublait. Les lions blessés rugissaient dans l’ombre."
Salammbô est un jeu alchimique entre mes images, la musique d’Othman Louati vibrante dans la trompette de Noé Nillni et le texte de Gustave Flaubert porté par la voix de Julien Ribeill.
Station Mir / festival ]interstices[
Région Normandie / Flaubert21
english subtitles, Muriel Tinel-Temple, adapted from translation by J.S. Chartres (1886)”.
À la (re) découverte de Flaubert, j’ai plongé dans Salammbô. La rencontre a effacé presque immédiatement toutes les autres pistes de travail que j’avais pu élaborer. D’abord la richesse plastique du texte m’a saisi. Puis, en le lisant à voix haute, je me suis rendu compte de l’immense pouvoir poétique de ses mots et plus particulièrement de ses incroyables descriptions. Cela m’est apparu comme le moyen évident de me jouer de la douceur de mes images en les prenant dans un dispositif mystérieux. J’ai vu les délicats paysages normands, leurs forces esquissées dans la photographie ralentie de mon cinéma et dans la matière de mes compressions, les vibrations tourmentées d’une musique théâtrale et lancinante pour encadrer ces tableaux descriptifs de Flaubert, où saleté, chaleur et violence sont sublimés. J’ai vu ces moyens comme une piste éventuelle à renouveler mes images. Bien sûr, je fais d’une certaine manière tout le temps la même chose. Je n’ai pas d’autre ambition à cet endroit de ma pratique que de surprendre la vision, de travailler ce flux d’images et de sons pour conduire le spectateur dans une expérience physique de la perception. Salammbô n’est pas la Normandie. Ce projet n’est pas une adaptation. C’est une aventure de collages, de mélanges. La prise, la dilution où l’abstraction se tient face à la désillusion fait glisser les mondes les uns contre les autres. Très loin de l’illustration, l’image, le texte et la musique travaillent ensemble quelque chose qui nait dans l’expérience de sa perception.
Commissioned for the bicentenary of Gustave Flaubert, Salammbô is a collaboration between Perconte and the musician Othman Louati. Filmed in different places in Normandy (Flaubert’s region), each section was performed live, and the music recorded in situ, before becoming a film. Flaubert’s well-known text conveys a lot of meaning, but, as Perconte says ‘it is not an adaptation’. Red is spilling all over, yellow seems to obstruct our vision at times, and we never expect what will come next. Vegetation and animals appear here and there, responding to the meticulous but also dramatic descriptions of the text. Sounds and movements take us in an infinite variation and finally leave us with a poignant sensation of disorder, a sort of apparent stillness after the chaos.
Jacques Perconte, le cinéaste qui ensorcelle les pixels, Vaz, Robin
Finis Terrae, Lê, Corentin
Cette pièce fait partie d'une série. La plupart du temps une série s'attache à un paysage, à une région. Il y a une certaine unité géographique.
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