paysages, corps, couleurs, matières, vitesses en arts plastiques, en numérique.
2014 (2012-2012), film 31'00''
Musique : Samuel André
Producteur(s) : Too Many Cowboys, Madeira film Festival, Cinéma93
ProRes, Dcp, BDr
Distribution
Cinémas
Collections
Collection départementale d'art contemporain de la Seine-Saint-Denis
Mention spéciale du Jury, prix vidéoformes 2015
À un peu plus de 600 km au large des côtes de l'Afrique, Madère surgit de l'océan. C'est le sommet d'un ancien volcan, immense. Nous découvrons la côte en explorateurs, nous pénétrons la forêt primaire et traversons ses millions de couleurs au creux de vallées baignées de lumières magiques. Les hommes, sur l'autre versant, travaillent la terre. Ils essaient d'en exploiter la richesse pour se nourrir. Ils sont pris dans la matière et le vent les efface peu à peu.
Aide au film court Cinéma 93, 2014
Avec le soutien du département de la Seine-Saint Denis
en partenariat avec le Centre National du Cinéma et de l'image animée
Far off the coast of Africa, Madeira emerges from the ocean. It is the vast summit of an ancient volcano. As explorers we discover the coast, dive into the virgin forest and go through its million colors in the trough of valleys bathed in magical lights. Men on the other hillside, work the land, intending to exploit its richness. They get caught in matter and get slowly erased by the wind.
Par Noémie Luciani, Jacques Perconte : impression, pixel levant, Le monde, 15 octobre 2015
[...] Il n’est pas simple de se distinguer dans cette jungle expérimentale. Si le travail de Jacques Perconte le fait, ce n’est pas pour avoir surpassé les autres plantes que cultive amoureusement le festival en étrangeté ou en extravagance. Son film M (Madeira), en compétition, se remarque au contraire par la facilité avec laquelle il s’offre à l’œil et à l’oreille. Comme presque toujours, Perconte travaille le paysage : M s’ouvre sur l’image d’un rocher dans la mer, que l’on reçoit bercé du son des vagues, sans artifices apparents.
Une vibration s’installe, sans que l’on puisse définir autrement le sentiment diffus d’une brèche dans le naturel. Puis une couleur qui pointe là où elle ne le devrait pas vient flouter l’ensemble, et voilà que le paysage, soudain mû par des forces énormes, se métamorphose et s’abstrait. Les feuilles deviennent taches, les arbres des nuées où se devine çà et là une branche. La nature se fait tableau vivant : presque Monet, puis presque Turner, et tout l’art de Perconte est dans ce mouvement formidable qui emporte l’image du net au flou, du littéral au littéraire, du naturel au pixel. [...]
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Par Raphaëlle Pireyre, M (Madeira) : l’artifice de la sensation, 12es rencontres européennes du moyen métrage de Brive, critikat, mai 2015
Paradoxalement, le film expérimental de la sélection n’use pas, lui, de la pellicule comme matériau de travail, mais l’image numérique. Jacques Perconte a réalisé M (Madeira) alors qu’il était l’invité du Madeira Film Festival. Portrait documentaro-expérimental de l’île, le film est constitué de plans d’ensemble fixes qui embrassent le paysage et effectuent progressivement le tour de l’île.
« Je joue avec et contre la technologie », dit Jacques Perconte. C’est en combinant ses images encodées de différentes manières, en les compressant et décompressant qu’il les transforme, en faisant ainsi une matière première aussi malléable que la peinture.
La distorsion de l’image, triturée numériquement, la détourne de son unité pour en faire un ensemble composite de couleurs et de pixels. Proches d’une représentation cubiste, le paysage prend une profondeur, un mystère qui redonne à chaque succession d’un plan à un autre, à travers des fondus enchaînés, tout son sens au mot apparition. Avec un effet d’attraction foraine, le passage d’un plan à un autre suscite une curiosité, une attente, un émerveillement qui font penser aux murmures des premiers spectateurs du cinématographe Lumière : « même les feuilles des arbres participent au spectacle ».
Dans son périple autour de l’île, Perconte a longuement cherché le cliché qu’il avait en tête avant son séjour, celle des paysans qui cultivent les champs en terrasse. Mais le rythme des festivaliers n’étant pas celui de l’agriculture vivrière, il lui fallut longtemps pour les trouver. De fait, la présence des hommes se fait attendre dans le film qui n’offre d’abord que des tableaux de champs, fixes, mais mouvants qui évoluent dans leur durée comme dans les variations que produisent la pixellisation de la surface de l’image. Ramenés sur un même plan par le jeu des fondus enchaînés, les hommes et la terre qu’ils travaillent ne font plus qu’un, finissent par fusionner dans le regard du spectateur.
L’artifice de la reconstruction du paysage, de la bande sonore, elle aussi retravaillée à partir de matériaux composites, et l’apparition des paysans qui façonnent la terre construisent un système de sensation démultipliée du paysage.
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par Louis Séguin, Festival du cinéma de Brive, revue transfuge, avril 2015
(...) Du côté de la compétition, M (Madeira) de Jacques Perconte fut chronologiquement le premier ravissement du festival. Le cinéaste, plasticien du numérique, compose un portrait de Madère impressionniste, à l'aide du data moshing et autres procédés de distorsion, de décomposition de l'image pixellisée. Le résultat est d'une grâce infinie. Perconte se fait vidéaste paysagiste, et retrouve la tradition picturale par le biais des nouveaux médias d'enregistrement. Outre les compositions bouleversante sur les couleurs et les lumières, Perconte travaille sur les vibrations du réel, et sur les implications de leur représentation par le numérique. Car si le grain de la pellicule reproduisait le mouvement de la vibration du monde, le numérique menace toujours de figer ce qu'il présente. C'est ainsi que des images s'immobilisent dans M (Madeira) , tandis que d'autres surgissent en leur sein; pour le dire autrement, on voit ici des images s'interpénétrer, se travailler les unes les autres de l'intérieur. Le résultat est magnifique, et il faut saluer le festival de donner à un tel film la même importance dans sa programmation qu'aux fictions et aux documentaires. (...)
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par Smaranda Trifan, enrique ramirez & jacques perconte à côté court A bras le corps, janvier 2014
(...) M (Madeira). Une île, quelque part, au milieu de l’océan. Rocher volcanique battu par les marées et les vents atlantiques. Dans diverses programmations, dont le passionnant focus qui lui était consacré l’année dernière dans le cadre du festival Côté court, Jacques Perconte a montré des œuvres issues du même matériau filmique. On pense notamment à Chuva, cette expérience envoutante d’une pluie tropicale des falaises abruptes au large de l’océan. Ce nouvel opus, présenté en avant-première au ciné 104, se laisse guider par le désir d’embrasser l’ile dans un voyage imaginaire qui la traverse, empruntant des vallées ombrageuses au cœur de la forêt primaire.
Le travail minutieux et patient des compressions qui abiment la matière vidéo se déploie de manière diffuse, dans les interstices et à travers les feuillages luxuriants. Il opère par irrigation organique et contagion. La traversée des strates de l’image s’organise, non pas selon de lignes de fuite qui nous entrainent dans les profondeur d’un paysage en fusion, à l’instar d’Après le feu, non plus selon des rythmes internes des masses géologiques, en dislocations, ruptures tectoniques, coulées massives et crevasses, comme dans Alpi, non plus dans de doux glissements, régis par une dérive contrôlée qui enclenche un vortex irrésistibles au cœur de plans à la fois denses et vaporeux, à l’instar des films génératifs du Marais Poitevin. Nous sommes plus proches d’une œuvre comme Arvore da vida montrée l’an dernier dans une projection inédite au Collège des Bernardins. On sent, avec M (Madeira) le pouls de la vie qui irrigue l’image. L’artiste est attentif aux frémissements du paysage, privilégie le flottement et les persistances rétiniennes. Une succession rapide de plans de cimes, de nuages ou de vagues nous fait définitivement perdre pied. Le film creuse le sillon d’une très inspirée chorégraphie des éléments. L’apparition de l’humain finit par installer durablement une étrange sensation de simultanéité, de suspension de la succession – passé, présent, futur cohabitent dans l’image qui accueille dans sa texture même multiples strates d’une temporalité en train de se dissoudre. Les silhouettes se fondent dans la matière numérique du paysage. Des jeux d’échelles surprenants conduisent à la danse fantasmatique d’un homme avec lui même dans une temporalité diffractée, avant que la terre rouge qu’il laboure ne finisse par le ravaler. M (Madeira), rocher perdu au milieu de l’océan, s’offre à nos sens, matière travaillée par la vie qui se décompose et se recompose inéluctablement."
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Par Rodolphe Olcèse, rencontre / interview, mai 2014
Rencontre avec Jacques Perconte, qui évoque M(Madeira), moyen métrage qui est diffusé en avant première lors de l'édition 2014 du festival Côté Court.
Les machines numériques sont des pinceaux, je m'en sers pour jouer avec la lumière et donc la couleur. Je peins. Et pourtant, je ne suis pas un peintre numérique qui utiliserait des outils de peinture artificiels.[ ... ] Je filme un paysage puis dans mon atelier je traite la matière. J e l'encode de diverses façons [3iVX, divx, xvid ... ].Ces duplications réduisent le poids des films. Je l'affirme en réglant l'image de manière à faire ressortir les aberrations formelles dues aux compressions.
[ ...] À Madère, je voulais filmer des paysans sur des terrasses, je ne les ai peu eues. J'ai filmé leur absence. J'ai filmé les traces qu'ils laissaient dans la terre. [ ... ]
[...] je cherche à raconter l'histoire qui se construit entre cette terre, ses différents paliers, et les hommes qui la travaillent, qui y laissent leurs empreintes. [ ... ] Le film montrera que les hommes sont travaillés par la nature. Le film montrera comment le vent, les matériaux reprennent le dessus et ramènent les hommes à n'être que des éléments constitutifs de la terre elle-même, de l'image. Les hommes seront des éléments du paysage à part entière, ils ne seront plus des figures autonomes posées dans un cad re, mais des figures qui appartiennent, au sens fort, au paysage. lis vont se fondre dans les arbres, devenir des traces dans la terre, pour finalement disparaître en elle [ ... ] .
Top 10 de la décennie (2010-2019), Morel, Josué
Numérique par nature, Chuva , Lê, Corentin
Festival des Cinémas Différents de Paris, compte rendu, Vaugeois, Marc-Antoine
Ettrick, Pireyre, Raphaëlle
Entretien avec Raphaël Bassan autour de son livre « Cinéma expérimental. Abécédaire pour une contre-culture », Lépine, Cédric
Jacques Perconte : impression, pixel levant, Luciani, Noémie
Un grand saut dans le vide, Pireyre, Raphaëlle
Festival du cinéma de Brive, Séguin, Louis
Enrique Ramirez & Jacques Perconte À Côté Court, Olcèse, Smaranda
Cette pièce fait partie d'une série. La plupart du temps une série s'attache à un paysage, à une région. Il y a une certaine unité géographique.
Les motifs et figures que je travaille. En cours de développement
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