paysages, corps, couleurs, matières, vitesses en arts plastiques, en numérique.
2007 (-2006), installation
Producteur(s) : Agora scène nationale d'Évry
1,3 tonne de terre d’Etiolles répartie dans 36 boites en bois de 40cmx40cmx30cm 16 carrés d’herbe d’Etiolles découpée de 40cmx40cmx10cm 30 mètres de pointillés rouges, 1 film de 25 minutes et 18 tirages numériques....
Distribution
Galeries/Musées
L’installation «Entre le ciel et la terre» est le témoignage d’une quête de plusieurs mois, d’une course au trésor sans trésor, au travers des paysages de l’Essonne.
Commande de la ville d’Evry / Théâtre de l’agora
L’installation «Entre le ciel et la terre» est le témoignage d’une quête de plusieurs mois, d’une course au trésor sans trésor, au travers des paysages de l’Essonne. Ces paysages auront d’abord été soigneusement sélectionnés par l’artiste, de chez lui, à partir de données cartographiques publiques (Google Maps, Yahoo Maps), puis répertoriées et étudiées au cours de promenades in situ équipé d’un appareil GPS. Une fois que le bon emplacement aura été choisi, l’artiste y prélèvera un volume de terre qu’il transportera dans le lieu d’exposition afin de le mettre en scène au milieu des photographies, vidéos et données cartographiques témoignant de sa démarche.
Liste des Oeuvres
n°01 ⇁ Rond point / vers vert-le-grand. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mm, 500x500mm
n°02 ⇁ Carte géologique d'Etiolles, brgm, ign, image réhaussée. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 1000x500mm
n°03 ⇁ Essonne / google hack. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 791,3x1000 mm
n°04 ⇁ Trou près du carré de Sénart. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°05 ⇁ Déplacer un trou ? Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 1636,4x1000mm.
n°06 ⇁ 1,3 tonne de terre d’Etiolles répartie dans 36 boites en bois de 40cmx40cmx30cm
n°07 ⇁ Etiolles, vidéo : ciel et coordonnées. AV03132007_074708, 25' 1 ex
n°08 ⇁ Etiolles Island. Composite, dessin à l'encre de chine, notes au marker, infographie, papier Canson et terre d'Etiolles. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 1000x500mm
n°09 ⇁ Etiolles, composite carte ign 1:25000, papier Canson, terre d'Etiolles. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 1000x500mm
n°10 ⇁ Etiolles, composite photographie numérique, papier Canson, terre d'Etiolles. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 1000x500mm
n°11 ⇁ Tamis, 2 paire de gants, 32 sacs à gravats blancs.
n°12 ⇁ Carré d'herbe. 16 plaques de 400x400x150mm (environ) d'hrebe et de terre d'Etiolles découpées dans le champs pour mettre à nu la terre à déplacer.
n°13 ⇁ The flickr / carte des clichés prix pendant les ballaes et pendant le temsp de travail en essonne. Composite, captures d'écrans de flickr.com, notes manuscrites et infographie. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°14 ⇁ Les ballades en 440 images. Composite de mosaïques et coordonées de géolocalisation. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 3000x980mm
n°15 ⇁ Terre tamisée d'Etiolles extraite du trou, déposée dans l'installation. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°16 ⇁ Roche et vert, forêt de Beauvais dans le gâtinais. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°17 ⇁ Champ vert à vet-le-grand. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°18 ⇁ Arbres en pieces, forêt de Saint-Vrain. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°19 ⇁ Broussailles, Forêt de Saint-Vrain. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°20 ⇁ Bois foudroyé, Etiolles. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°21 ⇁ Terre retournée. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
n°22 ⇁ Rochers marqués, forêt de Beauvais. Impression numérique couleur sur film polypropylène satin 70mu, 500x500mm
Extrait de Pesanteur et Couleur digitale : Uishet et Entre le Ciel et la Terre de Jacques Perconte
Par Sun Jung Yeo, Université Paris 3, dans: Dubois, Philippe/Làºcia Ramos Monteiro/Bordina, Alessandro (2009): Qui, c’est du cinéma/Yes, it’s cinema. Formes et espaces de l’image en mouvement/Forms and Spaces of the Moving Image. Pasian di Prato : Campanotto Editore
L’installation via GPS Entre le Ciel et la Terre expose une pensé singulière de l’oeuvre numérique, ayant un rapport aux Earthworks des années 60 ou 70 comme ceux de Robert Morris, de Robert Smithson ou de Ben. L’entassement n’incarne pas seulement le mode d’exposition de ces derniers, mais aussi le mode de production qui édifie une oeuvre numérique d’après Perconte. Il conçoit en effet le numérique en tant que tas. Un amas de terre occupe ainsi le centre de la galerie du Théâtre qui est le lieu d’exposition d’Entre le Ciel et la Terre. Les terres sont prélevées d’un terrain choisi après l’arpentage auquel l’artiste a procédé via GPS aux alentours d’Evry et de l’Essonne : c’est un ‟ Nonsite ”, tel que le discute Robert Smithson î un fragment cartographique, déplacé et privé de son Site[8]. Entassées sur le sol de la galerie, dans des boîtes en bois qui produisent une structure de forme carré de 2,40 m de côté sur 50 cm de hauteur, les terres pèsent environ 1600 kg. Comme le relate aussi le journal de l’artiste, la question du poids est importante :
L’idée est de déplacer une masse de terre extraite d’un terrain vers une structure qui sera disposée dans la galerie du théâtre. […] Le poids de la terre est difficile à évaluer sans savoir exactement quelle sera sa nature. Selon différentes sources la terre sèche a un poids de 1200 kg par mètre cube. Si la structure qui fait la même taille que le trou est remplie entièrement on aura pour de la terre sèche une densité de 600 kg/m². Seulement la terre ne sera à priori pas sèche et si elle est suffisamment sèche, elle sera tamisée, ce qui réduira sa densité. Si le sol de la galerie ne supporte pas une telle charge, il est tout à fait envisageable de combler une partie de l’intérieur de la structure avec une boîte en bois pour remplir et alléger la pression exercée par la terre au sol. Ce qui est fondamental c’est que vue de l’extérieur la terre remplisse entièrement la structure et qu’il y en ait une quantité suffisante pour dégager de la force.[9]
L’idée d’exposition se fonde avant tout sur la migration de la terre d’un terrain original vers la galerie. Et le poids ne doit pas dépasser des capacités de résistance de ce lieu-limite entre Nonsite et Site. Mais il faut de même imposer une quantité suffisamment visible pour donner de la force. Il faut donc tenir compte des conditions qui peuvent faire varier le poids, telles que l’humidité, la densité, c’est-à -dire la nature physique du composant. Lors de la réalisation de l’exposition, la terre a été tamisée, devenant par conséquent moins dense, moins lourde, mais plus imposante à la vision.
Ici l’organe sensible de la pesanteur, c’est aussi l’oeil cartographique. Autour de cette masse centrale de terre, qui pèse effectivement et s’impose visiblement au plein coeur de la salle d’exposition, gravitent les images numériques : une vidéo du ciel projetée au plafond au dessus de l’amas de terre, des photographies de paysage qu’il a prises pendant son parcours, des donnés géographiques provenant en majorité de Google Earth. Dans cette installation, la masse cartographique de terre, les ballades et leur résultat visuel (la vidéo du ciel ou le bloc des photos) concourent à créer ‟ une oeuvre numérique ” qui est d’ailleurs le sujet commandé par le Théâtre de l’Agora, scène nationale d’Evry et de l’Essonne. Ils se superposent les uns les autres sur la figure même du lieu. Le terrain choisi est déjà un lieu potentiel de temps suspendu dans la mesure où il est celui d’un projet inachevé du musée archéologique d’Etiolles.
Or Entre le Ciel et la Terre de Perconte répond certes au tas exposé des Earthworks, sans pour autant s’assimiler totalement à leur manière. À vrai dire, la forme du tas nivelé dans une structure carrée ne correspond pas exactement à la définition du tas, rédigée par l’artiste Ben : ‟ La différence entre un tas et une accumulation est dans l’essence même du tas qui est régi par la loi de la pesanteur et dont la base est toujours plus large que le sommet. ”[10] Le modèle du cube, plutôt que celui de la pyramide, semble inspirer l’oeuvre de Perconte. Cependant la force de pesanteur continue de la régir. Car la force de pesanteur est déplacée dans un alignement vertical entre ciel et terre, c’est-à -dire dans la vue du ciel filmée en contre-plongée, depuis le trou creusé dans le terrain original, et projetée au plafond de la galerie au-dessus de la masse de terres rapportées. Bien que le Nonsite de Perconte soit tamisé, aplani, il figure le tas lisse et cartographique. C’est que d’après Maurice Fréchuret le tas a une parenté avec ‟ une activité dont il est le résultat palpable ”[11]. Et d’après Merleau-Ponty, ‟ le lisse n’est pas une somme de pression semblables, mais la manière dont une surface utilise le temps de notre exploration tactile ou module le mouvement de notre main. ”[12]
Il est significatif que, dans la huitième ballade pour le projet Entre le Ciel et la Terre, l’artiste rencontre un monticule entassé qui est un ouvrage accidentel, sans doute laissé après un chantier, et qu’il imagine alors le lissage. Perconte dit :
J’admire ce que la pluie fait avec le temps et le vent. Elle lisse, elle stabilise, elle finalise le travail, elle l’inscrit dans une temporalité qui donne au lieu son identité. J’imagine plein de choses comme par exemple s’arranger pour trancher horizontalement ces monticules, comme si c’était des arbres. Y faire une coupe nette pour ramener une partie dans un lieu et la confronter avec l’image de la base. Cette idée n’est éloignée de ce que je vais faire avec le trou que je souhaite creuser. Je veux confronter la terre du trou refaçonnée à l’image de son origine comme la pièce d’un jeu qui en serait extraite. Mettre face à face un contenant et son contenu. Extirper une masse et l’affirmer comme telle.[13]
Aussi le temps de l’exploration tactile s’inscrit-il dans le lissage cartographique du tas, avec l’idée de l’empreinte digitale qui caractérise essentiellement l’image numérique. Avant tout, c’est dans le lisse que la terre s’approche de la couleur numérique, si la forme du tas est partagée entre deux.
En effet la terre est pensée en termes de couleur. Les cartographies exposées dans l’installation Entre le Ciel et la Terre ne montrent pas simplement les données géographiques du parcours. Mais ces images satellites fournies par Google Earth, capturant un même lieu, donnent à voir une sorte de géo-chromatisme, où chaque zone de terre, captée dans la carte, semble dédiée à la variation de la tonalité et de la teinte.
De même, tandis que les données géographiques ‟ 48° 38’ 02’’ N, 2° 27’ 58’’ E ” restent nettes au milieu de l’image, la vidéo du ciel effectue pendant ses 25 minutes de durée cinq cycles de désintégration par saturation chromatique de sa compression : un passage du géographique au géochromatique (fig. 5-6). Les carrés de couleur s’entassent, comme la terre, dans le tas lisse que constituent les 30-50 couches démultipliées pour saisir la zone de couleur, et qui s’inscrit finalement en une couche sur la surface du stockage de mémoire. La force de pesanteur passe entre ces couches. C’est un montage vertical sans profondeur.
Pesanteur et Couleur digitale : Uishet et Entre le Ciel et la Terre de Jacques Perconte, Yeo, Sun Jung
Les motifs et figures que je travaille. En cours de développement
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