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JACQUES PERCONTE

paysages, corps, couleurs, matières, vitesses en arts plastiques, en numérique.

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internet

200402I-L-NET1x1-oe?88

I LOVE YOU

Producteur(s) : ?

Site internet, script javascript & php
online / offline

FR EN

“4. Vouloir écrire l'amour, c'est affronter le gâchis du langage : cette région d'affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif […] et pauvre […]”
Roland Barthes, fragments d'un discours amoureux.

Sur ce site Internet, et dans chacune des versions, à chaque fois qu’une image d’Isabelle doit être vue par quelqu’un de connecté, l’image est plus ou moins transformée par un programme (love writing program / machine à quantifier l’amour). Son code source est ouvert et modifié. Une application calcule une variable très précise en prenant en compte certains paramètres du serveur et de la connexion du spectateur (elle est recalculée à chaque fois qu’une nouvelle image doit s’afficher). Une fois ce"e variable déterminée, l’application cherche dans le code source de l’image si elle est présente. Si elle est trouvée elle est remplacée par l’expression I love you : l’architecture du code est déformée. Le navigateur sollicité pour la consultation interprète le fichier et essaie d’afficher l’image. Mais les transformations de la source peuvent la modifier en entraînant l’apparition d’artefacts tels que la pixellisation, la déformation, l’addition de nouvelles couleurs, la réinterprétation partielle ou totale de l’image, la disparition du sujet et voire même l’impossibilité absolue au navigateur d’afficher l’image : apparition d’une icône brisée. Cette méthode absurde d’écriture li"érale de l’amour dans l’image directement dans le code donne à voir chaque fois une nouvelle collection d’images plus ou moins empreintes d’amour. Plus il est présent moins les images sont visibles.

Le site internet du projet http://iloveyou.38degres.net...
Quelques images de la pièce sur flickr → I love you.
Toute l'histoire en images sur flickr:s : n°1, n°2, n°3, n°4, n°5, n°6, n°7, n°8, n°9, n°10, n°11.

FR

En 2003, Didier Vergnaud, éditeur, me propose de faire un livre de photographie. A ce moment là je travaillais sur des série où le corps, sa peau, ses modelés, ses contours rencontraient les pixels, les trames, les saturations de l’image numérique, les déformations de la projection d’une image sur un écran, ses défauts…. Il se cristallisait une histoire entre l’image et son support, c’est là que je cherchais toute la sensualité, l’érotisme et la magie de la couleur et des formes. J’avais rencontré Isabelle depuis quelques mois quand Didier m’a parlé du livre. J’ai tout de suite pensé à faire ce livre avec elle comme modèle. C’était peut-être l’occasion de pousser deux histoires et deux passions en même temps, peut-être l’occasion de les croiser… certainement le moyen d’aller plus loin et de poursuivre mon parcours vers une œuvre qui soit plus totale….

A partir de là j’ai commencé à photographier Isabelle avec en arrière plan cette idée de livre. Je l’ai photographié chez elle, chez moi, en studio, sous des lumières différentes, cela continuait notre histoire. Et puis j’ai commencé à regarder ces images sur l’écran de mon ordinateur, j’ai commencé à les tourner, à les regarder de côté, à essayer de voir ce que j’avais pris, à aller plus loin dans l’image qui était là pour faire de nouvelles photographies. Quand l’image était pas assez claire à mon gout, quand les couleurs ne tendaient pas vers là où je voulais, je jouais avec mon appareil et ses bricolages pour capturer ce que je voulais…. Et ainsi faire de nouvelles images que je regardais encore et que je regardais ailleurs pour voir quelles rencontres elles pouvaient faire : un écran de vidéo projecteur, une télévision, un écran plasma, tous ces écrins n’ont pas la même peau, ne racontent pas les couleurs de la même façon…

J’ai voulu garder la technologie loin, aucune image n’a jamais été retouchée (trafiquées) intentionnellement dans un logiciel, je n’ai fait que les afficher, c’est avec les réglages des écrans, des appareils photo, avec le mouvement qu’elles ont évolué. Ce sont des captures, des rêves qui ont pris forme à un moment donné là sous mes yeux alors que je manipulais des machines… C’est ce qui s’est passé devant l’acra, entre le corps et moi, là où il fait plus « chaud ». j’ai en parlant de cette chaleur, de celle près du corps que j’ai appelé le livre 38 degrés.

Je me suis vite retrouvé avec des milliers d’images et le cycle pouvait continuer à l’infini… je pouvais faire des millions d’images. Mais j’étais dans la même situation que face à une toile où tout est possible, il suffit de faire des choix. Cette collection immense contenait une quantité de livre dont un seul allait exister. J’ai trié mes collections. J’ai fait des choix. Des suites « narratives » sont apparues, les formes et les couleurs se racontaient, indépendamment de leur histoire, les images s’enchainaient, se parlaient…

Un livre… un livre comment, presque directement je suis allé vers le carré, j’ai eu envie de faire un livre carré, rempli de formes carrées de tailles différentes, de couleurs différentes. J’ai eu envie de faire un livre sur la couleur, sur la peinture. Indirectement je savais que mes amours avec la peinture américaine des années 50-60 allait finir par ressurgir. Je voyais dès le début cette double page d’introduction d’un nu de dos décadré où le corps serait presque perdu dans une immensité de noir, l’image prenant toute la page face à une seconde page où un petit carré noir semblerai baigner dans le papier. Rapport entre deux formes, entre le papier du livre et la couleur, entre le livre et l’image. Tous les éléments sont parties intégrante de l’œuvre, le livre est un support à envisager comme la toile. Comme quand je fais un tirage, le papier doit être dans l’image, il doit faire partie d’elle, ce n’est pas que ce qui est derrière ni dessous, il donne au corps.

Un an plus tard, toujours en train de faire des images, je décide de pousser ce travail plus loin dans l’ordinateur. Qu’est ce que c’est un ordinateur ? C’est une machine à calculer des choses. L’image est une de ces choses calculées. A priori un ordinateur cela permet par la disposition de paramètres et de formules de savoir des choses qu’on ne sait pas. Qu’est ce que je cherchais dans ces images ? J’étais de toute évidence à la recherche d’un infini. J’aimais (et j’aime toujours) Isabelle. C’était là quand je la photographiais, j’étais avec cet amour. Mais maintenant que je jouais avec les images que j’y cherchais des choses, où était cet amour était-il toujours présent dans les images ? Le seul moyen de le savoir était de créer un « logiciel » qui pourrait répondre à cette question. Finalement quelle quantité d’amour était contenue dans chacune de ces images ? Je me trouvais face à un problème mais en fait ces images n’existent pas. Elles sont numériques elles s’affichent quand je le demande, mais sinon, elles ne sont pas vraiment là. Ce qui existe ce sont des fichiers qui quand ils sont interprétés permettent de calculer l’image. Je la vois tout le temps pareil parce que l’’ordinateur la calcule de la même façon. Mais sur deux écrans différents elle peut être sensiblement différente. Et si je l’imprime, elle sera différente encore. Ces images sont dépendantes d’une quantité de paramètres inimaginable. Donc l’image existe quand elle s’affiche. Afficher deux fois la même image c’est lui donner deux existences. Alors cette quantité d’amour qui serait contenue pourrait être différente.

Je me suis souvenu de l’internet des années 90, plus particulièrement de l’apparition des images sur les sites internet. Les premières étaient des GIF. Un type particulier limité techniquement qui ne permet pas de reproduire des images avec plus de 256 couleurs. Ont suivi les JPEG, un type plus complexe qui permet de reproduire les images avec beaucoup de fidélité. Ces encodages, ces techniques de portage des images en tant que fichiers permettent de limiter leur taille, leur poids, pour que les images prennent moins de place sur l’ordinateur. Tout ce la pour rappeler à quel point elles sont liées au calcul. Donc quand les premiers jpeg sont apparus sur les sites il arrivait qu’une image n’arrive que partiellement. Cela entrainait parfois des déformations étranges dans l’image. Le sujet était la plupart du temps bien lisible mais les artefacts numériques qui apparaissaient le mettaient en rapport directement avec son statut de reproduction numérique. De temps en temps l’image pouvait totalement se transformer en une composition abstraite où les couleurs étaient étonnantes, ou les formes guidées par la mathématique s’organisaient en fonction de ce qu’il avait été possible de reproduire du modèle. Plus il manquait d’informations contenues dans le fichier, moins l’image était reconnaissable. Plus le calcul devait faire avec moins, plus il quantifiait sa liberté.

Sur la base de ce souvenir j’ai écrit une application pour un serveur web, pour créer un site internet. J’ai pris plusieurs collections d’images de 38degrés, je les ai mises sur un site. A chaque fois qu’une image doit s’afficher, l’application est appelée. Une variable, un binôme de chiffres et de lettres, est calculé selon des principes qui jouent avec les nombres magiques, les réalités historiques des mathématiques et de l’art : pi, le nombre d’or…, mais aussi avec tous les paramètres physiques de la connexion qui a lieu : l’heure, la date où la personne se connecte, son adresse sur le réseau…. L’application ouvre le fichier de l’image appelée, il le transforme en un code hexadécimal. Elle parcourt le code et cherche des occurrences de cette variable. A chaque fois qu’elle le trouve, elle la remplace par « I love you ». C’est ainsi que par exemple AEH8L7jjBL2PzTH1KN3NNt7LjDZ2 peut être remplacé par AEH8L7jjBL2PzTH1K I love you NNt7LjDZ2. Cela peut arriver une fois, deux fois, sans limite autre que le code lui-même. Ce code décrit l’image. Quand les « I love you » viennent remplacer des tronçons si petits soient- ils, l’intégrité de la description est brisée. Ensuite le code est à nouveau traduit dans sa forme originale. Puis l’image s’affiche enfin sur la page du site.

Ainsi si des « I love you » ont été écrits dans le code, son interprétation peut laisser à désirer dans le beau sens du terme, c’est qu’elle peut masquer ou altérer de façon assez sensuelle l’image et la laisser baigner dans un certain mystère. Mais de temps en temps l’image est totalement bouleversée, elle prend une nouvelle nature, elle sort de la représentation au-delà du partiel, il n’y a même plus d’indice de ce qui était. Les artéfacts que l’on retrouve presque systématiquement sur toutes ces déformations entrainées par le s« I love you » deviennent le sujet de l’image. Il se peut encore que l’image soit tellement incompréhensible qu’elle ne soit même plus une affichable et qu’elle cède sa place à une icône brisée – signe de la non interprétabilité de la représentation. En gros : moins on voit l’image, plus il y aurait de « I love you » : moins de représentation = plus d’amour. C’est calculé, c’est littéralement écrit dans le code. Chaque trace, chaque déformation est un signe d’amour latent, le croisement entre ces deux histoires, celle avec l’image, celle avec Isabelle.
Cette pièce s’appelle « I love you ». A chaque fois que je la présente je refais une version du site internet. De temps en temps je change de collection d’images. Sur la plupart des versions quand l’image vient à ne pas s’afficher, à côté de l’icône brisée apparait la citation de Roland Barthes extraite de « fragments d'un discours amoureux » : 4. Vouloir écrire l'amour, c'est affronter le gâchis du langage : cette région d'affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif […] et pauvre […]”.

Et puis l’histoire continue. Ces images qui s’affichent de temps en temps altérées sur mon écran donnent à voir de nouvelles perspectives imaginaires, de nouveaux aplats, de nouvelles couleurs qui en suivant le corps échangent avec la poésie originale des notes inattendues et souvent merveilleuses. Certaines altérations sont fréquentes, d’autres extrêmement rares. Je me suis mis à collectionner ces images. Et cela a prit peu de temps avant que je ne me mette à les photographier aussi. Certaines sont tellement là, ; que je dois aller plus loin parce qu’elles ouvrent de nouvelles portes. Le cycle est infini. Mais je fais des choix. Tout se tient là, de tout cela il ne reste est n’est accessible que ce que je choisis de garder, de montrer, d’offrir et de céder.

« It’s all about love » est la première exposition de photographies issues de toute cette démarche. Pour la première fois la collection d’image exposée rassemblera des images directement issues des séances avec Isabelle, des images re photographiées, des I love you numériques, des photographies de I love you …

EN

“4.Wanting to write on love, is facing the mess of language: this panic area where language is both not enough yet too excessive […] and poor […].”
Roland Barthes, A Lover's Discourse: Fragments

Any time that a picture of Isabelle must be seen by someone connected to I love you images collections, because of my subject, the picture is treated by a love writing program : the image source code is opened and modified. An application calculates a very precise variable number taking in consideration some internet server's parameters and some user's connection informations… this number is re calculated on every new request for a picture.

Once this number determined the application searches in picture's source code if this variable is present. If it's found, it's replaced by the sentence ‘I love you': the architecture of the code is disturbed. The web browser needed for the viewing interprets the file and tries to display the picture. But transformations in the source code may modify it and can lead to the apparition of artefacts like; pixelation, distortion, addition of new colours, partial or total reinterpretation of the picture, disappearance of the subject in the picture or even absolute impossibility for the browser to display the picture: apparition of a broken icon…

?image displayed  ?php:$hunt = "I love you"  image.jpg

This absurd way of literally writing love in the picture, directly in the source code gives the viewer to see at every new connection a new collection of pictures more or less full of love… the more it's written in the code; the fewer pictures can be seen.

Lovecounter | true streamed love counter

The lovecounter is an online counter that establishes the number of "I love you" written in images source code from the "I love you" collections. This is a concrete and scientific way to know as precisely as possible how much love is streamed online and more important how much love is contained in this work. Every time a picture is displayed and the code modified by love messages, the counter is updated. The more time goes, the more love grows…

The lovecounter displays the quantity of “I love you” in times found in the pictures code on any image and calculate data transfer recorded since the opening of the counting on February , 14h of 2005.

I love you collection | millions of i love you displayed

The love collection is the place to browse all I love you written since the beginning of counting. The large number of pages shows how this collection is getting huge.

adWord campaign | lovecampaign

On February a confidential online banner campaign is organised via email lists. An Adword campaign is set up during ten days : i love you One million "i love you" a day and as more as i can say iloveyou.38degres.net.

I shot a movie with my love, Isabelle. ‘reload’ is the second degree of a book project on my ‘adventures’ across those imaginaries landscapes she presents to me. The film is shown on the internet via a process system that displays separately each 9 picture sequence. The flow of the film is reconstructed through the reloading rhythm. Each image code is opened and modified relating to that unique moment at the location and time of the connection on the website. Images are modified – their architecture is disturbed by the writing of “I love you” as the replacement of a portion of code. The web browser interprets the code and tries to display the picture. This action leads it to artifacting, pixelating the image, displaying broken icon … This absurd way of writing love in pictures directly in the code creates something…

“4.Wanting to write on love, is facing the mess of language: this panic area where language is both not enough yet too excessive […] and poor […]." Roland Barthes, A Lover's Discourse: Fragments

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I love you is the second degree of book and photography project. Here takes place a film exposed on the internet via a process system that show separately each 9 picture sequence (each frame is a 1/25 sec shot). The flow of the film is reconstructed through this picture movement: nine by nine, one after the other. Each image code is opened and modified relating to the unique moment at the location and time of the connection on the website. Images are modified – their architecture is disturbed by the writing of “I love you” as the replacement of a portion of code. The web browser interprets the code and tries to display the picture. This action leads it to artifacting, pixelating, not drawing complete image, displaying broken icon …

This absurd way of writing love in pictures – directly in the code – create something sometimes completely abstract… another collection of pictures.

Love code hunt http://iloveyou.38degres.net/code/hunt.html

Lovecounter | true streamed love counter
The lovecounter is an online counter that establishes the number of "I love you" written in images source code from the "I love you" collections. This is a concrete and scientific way to know as precisely as possible how much love is streamed online and more important how much love is contained in this work. Every time a picture is displayed and the code modified by love messages, the counter is updated. The more time goes, the more love grows… The lovecounter displays the quantity of “I love you” in times found in the pictures code on any image and calculate data transfer recorded since the opening of the counting on February , 14h of 2005.

I love you collection | millions of i love you displayed

The love collection is the place to browse all I love you written since the beginning of counting. The large number of pages shows how this collection is getting huge.

adWord campaign | love campaign

On February a confidential online banner campaign is organised via email lists. An Adword campaign is set up during ten days : i love you One million "i love you" a day and as more as i can say iloveyou.38degres.net.

versions

http://incident.net/hors/nu/iloveyou/ I love you | square series | 03.05 *I love you | 6th series | 04.05 | Web Biennal 2005
I love you | 4th series | 04.05 | L.O.V.E
I love you | 3rd series | 03.05
I love you | text version
I love you | 2nd series | 02.05 | Bangkok MAF special edition
I love you | 1st series | 10.04

par Bidhan Jacobs, dans "Vers une esthétique du signal. Dynamiques du flou et libérations du code dans les arts filmiques (1990-2010)", 2014, Thèse de Doctorat en Études cinématographiques et audiovisuelles, Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle

En 2004, Perconte conçoit le site générateur I Love You 447, essentiel pour comprendre les implications éthiques et esthétiques d’une telle pratique à l’ère du réseau et les transposer au champ du film. Le projet est né de la coïncidence de deux événements : une proposition de publication de ses photographies numériques qu’il pratiquait alors inlassablement en les rephotographiant sur des écrans d’ordinateur ou à partir de projection numérique ; et sa rencontre amoureuse avec celle qui est devenue sa compagne et modèle, Isabelle Silvagnioli

La collection obtenue d’une centaine de photographies vient de l’exploration extensive des détails du corps de l’être aimé pour tenter d’éprouver la représentation de l’amour. Le résultat plastique ne se montrant pas à la hauteur de l’intensité et de la beauté des sentiments, Perconte a écrit une application en PHP 448 , le love hunt code 449 , littéralement « le code chasseur d’amour » en open source, afin de quantifier l’amour contenu dans le code source des images numériques affichées sur le web. Cette quantification est effectuée par l’application qui se déclenche dès qu’un internaute clique sur une des images de la collection : elle calcule un nombre précis (variable à chaque connexion) en prenant en compte certains paramètres du serveur, l’adresse IP de l’internaute, le nombre Pi et le nombre d’or ; puis elle ouvre le code source de l’image et substitue à chaque occurrence du nombre recherché, les mots “I Love You”, changeant ainsi l’architecture du code de l’image. Le navigateur sollicité pour visualiser l’image compile le code modifié mais ne peut l’afficher qu’en partie, au prix de transformations plastiques radicales telles que des reconfigurations des structures de pixels, l’émergence de nouvelles couleurs, entraînant la réinterprétation des motifs ou sujets originaux ; plus grande est la quantité d’amour pur (calculée à chaque fois en octets 450), plus intense est l’abstraction. Le navigateur peut se retrouver dans l’incapacité de visualiser l’image entraînant l’apparition d’une icône brisée, qui évoque, selon les codes visuels d’internet, un iconoclasme numérique, mais qui signifie plutôt que les limites de visualisation des protocoles et programmes en ligne ont été dépassées par le trop-plein d’amour.

Cette substitution dans les codes sources des images de nombres par l’écriture littérale de l’amour, et donc des fonctions du virus par des facultés d’agent plastique, élève le programme de Perconte au rang de ce que nous proposons de nommer un « loveware » 451. Ce processus trouve d’autres déclinaisons dans certains de ses films tels que isz (2003) qui substitue aux algorithmes de détection traditionnels d’un pétale de rose sa détection linéaire par contact, évoquant, par exemple, le travail de Brakhage sur Mothlight (1963) ; mais aussi Antoine et Léonard (2011) dans lequel l’algorithme comportemental du Pixel Blanc d’Antoine Schmitt (1996-2000) est introduit par Perconte dans l’image de la Joconde afin que ses trajectoires remplacent et repoussent, par effet de compression, les pixels de la peinture, ou enfin les camaïeux de verts d’Árvore da Vida (2013) obtenus par le paramétrage des GIF à partir de quelques tons verts des couleurs d’origines qui se substituent à toutes les autres.
Nous rapprochons cette pensée du programme comme outil de fertilisation plastique au travers de technologies numériques de visualisation conçues comme ouvertes et instables des interventions chimiques et machiniques effectuées sur la pellicule pendant la projection, par exemple lors de performances et d’installations des Allemands Jürgen Reble et Thomas Köner.

447 Toujours en ligne dix ans après : http://iloveyou.38degres.net
448 PHP : Hypertext Preprocessor (acronyme récursif) est un langage de programmation libre développé au début du web en 1994, utilisé pour le développement des pages web dynamiques sur les sites, exécuté côté serveur http et non côté client. Pour plus d’information se reporter à la documentation du site du groupe développeur : http://www.php.net
449 http://iloveyou.38degres.net/code/hunt.html
450 A la date du 1er juin 2014, le « compteur d’amour » conçu par Jacques Perconte sur le site génératif affiche que 46170415 « I Love You » ont été substitués dans les codes sources des images de la collection depuis le 14 février 2005 ce qui représente 440Mo, 322Ko et 982 octets d’amour pur.
451 Rigoureusement inverse au « malware » qu’était le virus iloveyou qui s’est propagé par email en mai 2000 et a détruit les données de plusieurs dizaines de millions d’ordinateurs à travers le monde.

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par Aude Crispel, Jacques a dit « I Love You », octobre 2008 sur Poptronics (Pessac, envoyée spéciale)

Choisir quelques images parmi l’infinité qui compose « I Love You », deJacques Perconte, c’est le pari, la performance ou, au choix, une nouvelle version de l’œuvre Internet qu’accomplit l’artiste à Pessac.

Jacques Perconte photographie inlassablement Isabelle depuis 2003, à la recherche d’une poétique du détail, d’un contact entre la peau et la lumière. S’éloignant du sujet, ce sont les impressions papiers et les captures d’écran des clichés originaux qu’il prend en photo. Captant les traces invisibles du pixel ou des moires de son ordinateur, cet artiste aux multi-supports numériques quête l’être aimé à travers la matière invisible de(s) l’écran(s). Pourtant, concentrée sur la couleur et les formes, la femme a disparu.

Confronté au réseau Internet, son travail sur le corps se démarque des « galeries photos » ordinaires, s’inspirant de Roland Barthes : « Vouloir écrire l’amour, c’est affronter le gâchis du langage : cette région d’affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif (…) et pauvre (…). » Cependant, au lieu de donner raison à ce monument de l’histoire de la photographie, Perconte confronte amour et langage dans un petit programme informatique où les photographies jouent à « démontrer le contraire ». Résultat : l’« I Love You » en ligne est un carré de 10 x 10 photographies sur lesquelles on peut cliquer pour les afficher plein écran. Sauf qu’à chaque clic, la photographie est effectivement toujours présente, alors que son code hexadécimal subit une légère modification, grâce à un script qui insère dans le code sourcede l’image un « I Love You » rose, entre les successions de chiffres et de lettres noires qui permettent à l’ordinateur de lire l’image et donc de l’afficher. Le programme peut ainsi « quantifier l’amour contenu dans chaque image », explique Jacques Perconte. Depuis novembre 2004, plus de 31 millions (ou pour être précis : 31 549 790 au 21 janvier 2008 à 11h38) déclarations d’amour se sont glissées entre les lignes qui codent les fragments du corps d’Isabelle...

Pour Jacques Perconte, « cette méthode absurde d’écriture littérale de l’amour dans l’image, directement dans le code, donne à voir chaque fois une nouvelle collection d’images plus ou moins empreintes d’amour ». Conséquence, plus le programme entre du code « amoureux » dans le code de l’image, « moins les images sont visibles ». Aujourd’hui, presque qu’aucune photographie n’est restée conforme à la petite vignette cliquable de la page d’accueil. Certaines images ne s’affichent plus que sur quelques lignes. Truffées d’« I Love You », d’autres sont déformées pour finir telles des erreurs algorithmiques indéchiffrables… Cette « machine à fabriquer de nouvelles images », comme la nomme l’artiste, ne serait presque qu’une expérience éphémère, puisque ces photographies « génétiquement modifiées » ne sont plus exploitables par les logiciels de traitement d’image du moment. Pour en garder des traces, Jacques Perconte a donc repris son travail photographique de capture d’écran, bouclant ainsi à l’infini la boucle de son processus photographique.

Présentée en 2005 au New Media Arts Festival de Bangkok, à la Web Biennal d’Istanbul, primé au Netarts Grandprize de Machida, au Japon, « I Love You » a déjà fait le tour du monde dans sa version Internet. Jacques Perconte, pionnier discret du net-art français (de Rhizome au collectif Pavu en passant par Lieudit), expose à Pessac les images-traces de cette quête d’amour dans le code, comme un retour aux sources (il a étudié les beaux-arts à Bordeaux, et été récemment en résidence à Pessac).

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par Damien Marguet, Jacques Perconte : Image de l’invisible, 2008

À quelles dimensions et à quelles temporalités l’artiste se réfère-t-il ? Quel rapport entretient-il aux technologies et processus numériques ? Je m’intéresserai notamment aux jeux d’échelle et de vitesse à l’intérieur de ses créations. Car les images auxquelles nous allons nous confronter ne sont pas arrêtées mais retenues dans leur mouvement, geste qui ne peut se faire sans altération. Elles peuvent être obtenues par distorsion ou par saturation, elles conservent dans tous les cas la trace de leur appartenance originelle à un flux d’informations, à l’intérieur duquel elles n’existaient qu’en puissance. Ces formes accidentelles, fragmentées ou dégradées sont-elles des images ? Et des images de quoi ? C’est tout l’enjeu de cette recherche esthétique que de donner matière à des phénomènes minimaux et instantanés, que de nous mettre en relation avec une part invisible du monde.

IMAGES DU MONDE Le vert du feu

Les images obtenues numériquement, lorsqu’elles circulent, changent de définition en permanence. Elles sont émises par un dispositif technique qui interprète de façon singulière une série d’informations. Au moment où je reçois l’image, celle-ci est produite par la machine. Son processus de fabrication n’a pas à être perçu ni compris, son chiffrement et son déchiffrement sont suffisamment rapides et complexes pour rester secrets. Mais une erreur d’échelle suffit à enrayer les mécanismes et à faire événement. L’image est alors générée accidentellement, et parce qu’elle est illisible, elle redevient visible, elle fait à nouveau sensation. Il me vient à l’esprit l’exemple du feu vert, exemple développé par Pierre-Damien Huyghe dans le cadre d’un de ses séminaires. Un feu qui passe au vert, dans le cadre d’une circulation urbaine, m’ordonne d’avancer. Si je m’arrête pour le regarder, pour faire l’expérience de sa couleur ou de sa luminosité, je bloque la circulation et suis rapidement rappelé à l’ordre par un klaxon. Je suis ainsi tenu de voir le feu vert sans voir le vert du feu, sous peine d’interrompre un flux vital pour la ville. Donner à voir le vert du feu plutôt que le feu vert, voilà l’enjeu du travail de Jacques Perconte dans le domaine des images numériques. Cela implique que l’on intervienne, non sur les images, mais sur l’outil qui les génère.

Flux d’images, images du flux

Avant de m’intéresser à une œuvre de l’artiste intitulée I love you et reposant précisément sur le principe du changement d’échelle, je souhaite revenir sur quelques points abordés dans mon introduction. Mon étude repose sur un postulat : les images numériques n’existent qu’en puissance et manifestent essentiellement cette puissance d’image propre aux appareils contemporains. Si les technologiesnumériques n’ont aucune difficulté à produire des images, c’est même leur fonction principale, elles sont incapables de les conserver sous cette forme. Au contraire, il s’agit de les faire apparaître et de les faire disparaître au même rythme afin d’éviter toute saturation, tout chevauchement. C’est à l’image prise dans son devenir-image que s’intéresse Jacques Perconte, dont la plastique relève souvent de l’effet larsen. En opposant, comme on le fait trop souvent, le réel au virtuel, on oublie que l’un ne va pas sans l’autre et qu’il doit être possible de rendre compte de cette relation sans la trahir. Pour cela, il faut s’intéresser à cet instant de production de l’image qui cherche à passer inaperçu. Plutôt qu’un flux d’images qui n’en sont pas, penser à faire des images du flux, qui ne saurait correspondre à des arrêts (arrêter le mouvement, c’est le perdre) mais à des traces, à des marques laissées par ce courant d’informations.

La dimension perdue

Partons d’un texte de Paul Virilio, « La dimension perdue », publié il y a presque vingt-cinq ans2. « (...) le point est cette dimension perdue qui nous permet de nous retrouver » nous dit l’essayiste. C’est à partir d’un point, c’est-àdire d’une absence d’étendue, que nous nous représenterions l’espace. Virilio nous rassure : la perte de la « mécanique dimensionnelle » n’est pas « une grande perte ». Il s’agit de ne plus privilégier la « substance » sur l’« accident », la « durée » sur « l’instantanéité » et de préférer au concept d’espace-temps le concept d’« espace-vitesse » : « espace dromosphérique qui ne se définirait plus comme substantiel et extensif, volume, masse, densité (plus ou moins grande), étendue, superficie (plus ou moins longue, haute ou large) mais d’abord comme : accidentel et intensif, une intensivité plus ou moins grande, mais dont la « grandeur physique » ne se mesurerait plus en portion, proportion, dimension, découpage d’un CONTINUUM morphologique quelconque (...) mais en changement de vitesse, un « changement » qui serait instantanément un changement de lumière et de représentation (...) »3. Une représentation ne peut donc plus s’inscrire que dans l’instant, seul temps restant de l’image produite numériquement, ce que Virilio appelle des « formes-images composées de points sans dimension et d’instants sans durée »4. Si l’image ne se rapporte plus à un acte, elle est fonction de gestes donnant lieu à des accidents. Lorsque la machine échoue à produire une « forme-image », elle « construit une représentation de la construction »5, elle étale l’instant dans l’espace, un peu à la manière de ces accélérateurs de particules enregistrant des potentiels de mouvement et de matière. Il s’agit de produire une image de la production, qui rapporte le réel au virtuel dont il est issu, démontre leur intime relation.

MONDE DES IMAGES

I love you

On se souvient d’I love you comme d’un virus qui contamina près de trois millions d’ordinateurs à travers le monde en quatre jours. Il circulait sous la forme d’une pièce jointe, se faisant passer pour une lettre d’amour adressée au destinataire du courrier électronique. C’est aussi le titre d’une oeuvre de Jacques Perconte, accessible en ligne depuis 2005 à l’adresse « http://iloveyou.38degres. net/ ». L’homonymie n’est pas fortuite : il est là aussi question de contamination et de subversion d’un code chiffré par des mots exprimant l’amour. Mais le sentiment n’est plus simplement évoqué par ruse. L’amour virtuel venant altérer le processus de fabrication et d’exposition de l’image traduit un amour réel et bouleversant éprouvé par l’artiste pour une femme. L’image reproduite ci-dessus apparaît à celui qui se rend sur le site « iloveyou.38degrés.net » : un carré constitué de cents vignettes ellesmêmes carrées. Chacune de ces vignettes correspond à une photographie réalisée dans le cadre de l’édition d’un livre intitulé Trentehuit degrés. Il s’agissait d’explorer, au moyen d’un appareil de photographie numérique, le corps d’isabelle, compagne de l’artiste, de réaliser « une série où chaque image de son corps devienne la pièce maîtresse d’une collection »6. « nous devons penser que ce que nous vivons face au numérique est une expérience de la multiplicité »7 écrivait jacques perconte dans son mémoire. ici, la multiplicité se fait sérialité et donne naissance à une image illisible, posant un problème d’échelle : les vignettes sont trop petites pour qu’on puisse reconnaître précisément les éléments qui les composent et l’ensemble s’apparente à une simple collection, ne figure rien. Restent les couleurs, les matières, les formes agencées. Ce dont l’image rend compte, c’est de l’impossibilité pour l’artiste de choisir une image plutôt qu’une autre, d’en choisir une pour une autre, « de choisir parmi les millions de paysages qu’[Isabelle] [lui] expose quand [il] la regarde »8. Le spectateur, lui non plus, ne peut choisir entre la partie et le tout, son regard ne cessant d’aller et venir entre les deux. Plus troublant encore, le fragment s’avère être un ensemble, puisqu’il s’agit d’une photographie qui n’a pas été modifiée, tandis que l’ensemble s’avère être un fragment, fragment d’une collection beaucoup plus importante. Immédiatement, le logiciel de navigation signale à son utilisateur qu’il se trouve devant une interface. Il lui demande d’agir en cliquant sur l’une ou l’autre des vignettes, dans l’espoir d’accéder à une information plus lisible, plus compréhensible. Ce geste sera à l’origine d’un accident, dont les conditions sont parfaitement décrites par Jacques Perconte :

« Dans I love you, à chaque fois qu’une image d’Isabelle doit être vue par quelqu’un de connecté à ces collections de photographies, l’image est plus ou moins transformée par un programme (love writing program). Le code source du fichier est ouvert et modifié avant que l’image ne soit affichée : une application calcule un nombre variable très précis en prenant en compte certains paramètres du serveur et de la connexion du spectateur. Ce nombre est recalculé à chaque fois qu’une nouvelle image doit s’afficher. Une fois déterminé, l’application cherche le nombre dans le code de l’image. Et si cette variable est présente, elle est remplacée par l’expression «I love you» : ainsi l’architecture du code est déformée, elle peut l’être a plusieurs reprises, aussi bien une fois que cinq mille, il n’y a pas d’autre limite que la quantité d’informations contenues dans le fichier de l’image. Le navigateur sollicité pour la consultation interprète le fichier et essaie d’afficher l’image. Mais les transformations de la source peuvent modifier son apparence, entraînant l’apparition d’artefacts tels que la pixellisation, la déformation, l’addition de nouvelles couleurs, la réinterprétation partielle ou totale de l’image, la disparition du sujet, voire même l’impossibilité absolue pour le navigateur d’afficher l’image : apparition d’une icône brisée. Cette méthode absurde d’écriture littérale de l’amour dans l’image, directement dans le code, donne à voir chaque fois une nouvelle collection d’images plus ou moins empreintes d’amour9. »

L’image générée ainsi est la plus abîmée possible : elle combine de façon anarchique lignes de couleur, phrases et codes ; elle est immense et dépasse largement la fenêtre du navigateur ; elle relève d’une esthétique de l’écrasement et du débris. Est-ce une image ? C’est en tout cas l’enregistrement graphique d’une opération mathématique, sa matérialisation. C’est le résultat d’une puissance exercée qui échoue à produire un objet, la trace d’une intention. Il me semble qu’il s’agit d’une image du monde attachée à sa part invisible, autant qu’une photographie peut être image du monde attachée à sa part visible. C’est l’image d’un monde entièrement fait d’images : « (...) il n’y a désormais que des représentations momentanées, représentations dont les séquences s’accélèrent sans cesse, au point de nous faire perdre toute référence solide, tout repère, à l’exception du QUANTUM d’action de la physique théorique et du PUNCTUM de la représentation pratique »10. L’interprétation du code, le calcul effectué par l’ordinateur, le courant électrique nécessaire à ces opérations n’ont rien de virtuel. Ce sont simplement des mécanismes trop infimes et trop rapides pour être perceptibles. Lorsqu’ils réussissent, ils nous placent face à un résultat et nous livrent une information. Les faire échouer, c’est tenter l’expérience d’un chaos d’où seul peut naître une nouvelle compréhension du monde. La réalité virtuelle ne doit pas nous faire oublier qu’il existe une réalité du virtuel. Le parallèle avec les expérimentations contemporaines dans le domaine de la physique me semble encore une fois pertinent. Le physicien provoque lui aussi des accidents (des collisions de particules), qu’il est possible et nécessaire de répéter, qui aboutissent à des représentations graphiques traduisant des phénomènes imperceptibles à notre échelle bien que d’une très grande intensité. Ces images infirment ou confirment des modèles théoriques, virtuels, chargés d’expliquer une part absente de l’univers, absente au sens où il est impossible d’en faire l’expérience à l’échelle humaine. Sa masse est trop faible, son mouvement trop rapide, ce qui ne l’empêche pas d’avoir des effets importants, décisifs sur nos existences. Le dispositif mis en place par Jacques Perconte avec I love you me paraît du même ordre. S’y inscrire, c’est voir comment se fait et se défait une image numérique, c’est percevoir de l’invisible et s’interroger sur le rapport que nous entretenons à ce mécanisme. C’est se demander dans quelle mesure il peut être ou ne pas être porteur d’affect, rétablir un lien éthique à des images n’existant qu’en puissance, nous confronter à la réalité du virtuel plutôt qu’à une réalité virtuelle.

1 - Extrait d’un entretien entre Fred Forest et Norbert Hilaire, CICV, 1998, cité par Jacques Perconte dans son mémoire de Maîtrise.
2 - Paul Virilio, L’espace critique, Paris, Éditions Christian Bourgois, 1984, p. 129-151.
3 - Ibid., p. 130.
4 - Ibid., p. 133.
5 - Voir Virilio, ibid., p. 132.
6 - Texte écrit par Jacques Perconte à propos de Trente-huit degrés : . http://www.38degres.net/ ».
7 - Jacques Perconte, mémoire de Maîtrise, op. cit., p. 70.
8 - Texte Trente-huit degr.s, op. cit.
9 - ibid.
10 - Virilio, op. cit., p. 132.

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Par Julien Foucher, le lundi 14 février 2005 :: Création numérique

Un astronome peut donner une dimension philosophique au mouvement des planètes (ça fait tourner ma montre, ça fait passer le temps, c'est ce qui permet la vie), un biologiste peut expliquer le paradoxe qui consiste à vivre en respirant de l'oxygène alors que ce même oxygène détruit nos cellules à petit feu en nous faisant vieillir, mais s'il y a des gens qui ont du mal à donner un peu de glamour à leur spécialité, ce sont bien les informaticiens. Eh oui, l'octet, c'est pas très fun.

Heureusement, il y a les artistes qui sont là pour ça. I love you n'est pas une énième variante du virus, mais un projet qui met de l'amour dans le code (littéralement).

Il s'agit de modifier en temps réel, le code informatique d'une image en insérant les mots «I LOVE YOU» dans le code en fonction d'un algorithme qui exploite les données de connexion des utilisateurs et certaines données du serveur qui héberge le programme. Il en résulte une dégradation de l'image qui va du simple artefact à l'impossibilité pure et simple de voir l'image. Ecrire l'amour dans l'image empêche de voir l'image? on rejoint le paradoxe de l'oxygène qui tue ...

Vouloir écrire l'amour, c'est affronter le gâchis du langage : cette région d'affolement où le langage est à la fois trop et trop peu, excessif [...] et pauvre [...]".
Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux.

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Press / textes :

Lueur des images, chaleur des écrans, à propos d’imprégnation médiaticotechnique, Nosella, Carole
Ouvrir le flux, Olcèse, Rodolphe
Jacques Perconte : « Mes images, c’est de la magie déterminée », Catala, Laurent
recoding visualization in the time of web: the case of i love you by jacques perconte (2004-2015), Jacobs, Bidhan
How to Grow Love on the Internet?, Jacobs, Bidhan
Jacques Perconte : voies et formes de la libération du signal, Jacobs, Bidhan
Comment élever l’amour sur internet ?, Jacobs, Bidhan
Le design des programmes, des façons de faire du numérique, Masure, Anthony
Jacques Perconte, Images de l’invisible, Marguet, Damien
Amours , X
bien plus fort que la haute définition, Perconte, Jacques
Jacques Perconte, Les arts au mur – artothèque, Pessac, Arnaudet, Didier
Les corps numériques de Jacques Perconte, Maurial, Sandrine
I love you series, Harris, Sharon
I Love You, Jyeffe
I love you, Foucher, Julien

38DEGRÈS

Cette pièce fait partie d'une série. La plupart du temps une série s'attache à un paysage, à une région. Il y a une certaine unité géographique.

IT'S ALL ABOUT LOVE

2008

 IMPRESSION 

38DEGRÉS

2003

 IMPRESSION 

MOTIFS

Les motifs et figures que je travaille. En cours de développement

ABSTRACTION
CORPS
* Il se peut qu'il y ait un mot de passe si le film n'est pas est encore fini ou en "exploitation", écrivez-moi, on ne sait jamais, je vous le passerai peut-être ;).
** Il me semble toujours utile de rappeler que ces images, ces vidéos, ces sons que vous trouvez ici sont des documents. Il exposent ce que les pièces représentent. Mais ils ne donnent pas accès à sa véritable expérience. Rien ne vaut, si elle vous plaisent, leur découverte in situ, en salle ou en exposition.

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